5 octobre 2005
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Je lis beaucoup de nouvelles, tant par goût que par facilité : terminer la saga des Rougon-Macquart en 10 stations de métro ne fait pas encore partie de mes compétences...
J'en ai donc pratiqué plusieurs recueils dernièrement, en plus des mirifiques Contes du Far-West dont j'ai déjà parlé. Les voici donc, par ordre chronologique :
L'homme qui ne voulait plus se lever, de David Lodge
David Lodge est un romancier britannique qui s'est rendu célèbre pour son illustration drôle et cruelle de la vie universitaire anglaise, avec ses travers et ses idéaux : La Chute du British Museum est à hurler de rire, Un tout petit monde est d'une précision chirugicale, tandis que Changement de décor présente un chassé-croisé plein de malice et non dénué de délicatesse entre recherche et industrie, sciences et lettres, hommes et femmes...
Je suis donc fort amatrice de cet auteur, et les grandes espérances sont faites pour être déçues : j'ai trouvé que ce qui fait le sel de son écriture et de son analyse se perd dans ces brèves histoires regroupées sans souci de cohérence narrative visible.
Toutefois, force m'est d'admettre que mon jugement aurait été plus indulgent face à un auteur inconnu, et que les nouvelles tiennent assez bien la route prises individuellement.
C'est juste qu'une anecdote autobiographiqe suivie d'une fable symbolique, qui précède une mise en abyme de la condition d'auteur nombriliste, avouez que c'est un peu déstabilisant.
Sous le micocoulier, de Fernand Rambion
Encore un bouquin estampillé "fournée maternelle" (voir ici et là).
Ces historiettes sont censées illustrer la vie villageoise de Provence profonde au temps où l'on parlait patois à l'ombre du micocoulier, et sont d'un intérêt extrêmement limité pour qui ne se passionne ni pour la langue d'oc, ni pour le sulfatage des vignes.
Une perle cependant, qui rachète sans doute l'ensemble : Le dernier soldat du Reich l'anectode peut-être même véridique d'un soldat "Malgré-nous" laissé en arrière lors de la retraite pour s'occuper d'une histoire d'explosifs, et récupéré par le soi-disant dynamiteur pour l'aider à nourrir le village.
Comme quoi, il ne faut jurer rien...
Lilith de Primo Levi
Hé oui, Primo Lévi a écrit autre chose que Si c'est un homme (qui n'en est pas moins un très grand bouquin, infiniment plus intéressant à lire que sa notoriété scolaire ne le laisserait craindre).
Mieux encore : il a écrit sur autre chose que les camps.
Le succès de cet autre oeuvre a sans doute beaucoup pâti de ce statut de témoin de l'horreur concentrationnaire, qui tend à le ranger dans une case "documentaire WWII" avec le Journal d'Anne Frank sans tenir compte de son fabuleux talent de conteur.
Ce recueil contient une bonne trentaine de nouvelles courtes et percutantes, dont certaines parlent des camps, d'autres des vallées italiennes avant, pendant et après la guerre, et un certains nombres donnent carrément -et étonnament- dans la science-fiction (Dysphylaxie) et le fantastique.
Il dit aussi quelques choses très intéressantes sur les questions posées par le fait d'écrire sur des personnages réels, et encore vivants.
C'est selon les cas glaçant, amusant, surprenant, émouvant, mais toujours réussi.
Mais tout de même, si vous n'avez pas lu Si c'est un homme, commencez par là.
J'en ai donc pratiqué plusieurs recueils dernièrement, en plus des mirifiques Contes du Far-West dont j'ai déjà parlé. Les voici donc, par ordre chronologique :
L'homme qui ne voulait plus se lever, de David Lodge
David Lodge est un romancier britannique qui s'est rendu célèbre pour son illustration drôle et cruelle de la vie universitaire anglaise, avec ses travers et ses idéaux : La Chute du British Museum est à hurler de rire, Un tout petit monde est d'une précision chirugicale, tandis que Changement de décor présente un chassé-croisé plein de malice et non dénué de délicatesse entre recherche et industrie, sciences et lettres, hommes et femmes...
Je suis donc fort amatrice de cet auteur, et les grandes espérances sont faites pour être déçues : j'ai trouvé que ce qui fait le sel de son écriture et de son analyse se perd dans ces brèves histoires regroupées sans souci de cohérence narrative visible.
Toutefois, force m'est d'admettre que mon jugement aurait été plus indulgent face à un auteur inconnu, et que les nouvelles tiennent assez bien la route prises individuellement.
C'est juste qu'une anecdote autobiographiqe suivie d'une fable symbolique, qui précède une mise en abyme de la condition d'auteur nombriliste, avouez que c'est un peu déstabilisant.
Sous le micocoulier, de Fernand Rambion
Encore un bouquin estampillé "fournée maternelle" (voir ici et là).
Ces historiettes sont censées illustrer la vie villageoise de Provence profonde au temps où l'on parlait patois à l'ombre du micocoulier, et sont d'un intérêt extrêmement limité pour qui ne se passionne ni pour la langue d'oc, ni pour le sulfatage des vignes.
Une perle cependant, qui rachète sans doute l'ensemble : Le dernier soldat du Reich l'anectode peut-être même véridique d'un soldat "Malgré-nous" laissé en arrière lors de la retraite pour s'occuper d'une histoire d'explosifs, et récupéré par le soi-disant dynamiteur pour l'aider à nourrir le village.
Comme quoi, il ne faut jurer rien...
Lilith de Primo Levi
Hé oui, Primo Lévi a écrit autre chose que Si c'est un homme (qui n'en est pas moins un très grand bouquin, infiniment plus intéressant à lire que sa notoriété scolaire ne le laisserait craindre).
Mieux encore : il a écrit sur autre chose que les camps.
Le succès de cet autre oeuvre a sans doute beaucoup pâti de ce statut de témoin de l'horreur concentrationnaire, qui tend à le ranger dans une case "documentaire WWII" avec le Journal d'Anne Frank sans tenir compte de son fabuleux talent de conteur.
Ce recueil contient une bonne trentaine de nouvelles courtes et percutantes, dont certaines parlent des camps, d'autres des vallées italiennes avant, pendant et après la guerre, et un certains nombres donnent carrément -et étonnament- dans la science-fiction (Dysphylaxie) et le fantastique.
Il dit aussi quelques choses très intéressantes sur les questions posées par le fait d'écrire sur des personnages réels, et encore vivants.
C'est selon les cas glaçant, amusant, surprenant, émouvant, mais toujours réussi.
Mais tout de même, si vous n'avez pas lu Si c'est un homme, commencez par là.
Ripetetele ai vostri figli.
O vi si sfaccia la casa,
La malattia vi impedisca,
I vostri nati torcano il viso da voi.
O vi si sfaccia la casa,
La malattia vi impedisca,
I vostri nati torcano il viso da voi.