Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 novembre 2006 7 26 /11 /novembre /2006 03:39
J'ai trouvé par le plus aléatoire des hasards stochastiques un petit bijou d'humour et de virtuosité : une version argotique et éminemment divertissante de la Bérénice de Racine, qui devient Nisbère de DJ Roots (par quibe)...
Je n'arrive pas à mettre les images, mais voici les textes : bérénice

Acte 1
Scène I


Antiderche
Zyva sauss pose ton boule. Tu fissures le coinsto ?
Je t’ai guèse , Sarace, en fait t’es un puceau !
Je t’affranchis, cousin : cette piaule trop chanmé
C’est la turne du King, il y vient en loussedé
Quand il se déboutonne. Cette lourde tu vois,
C’est celle de la Reine, en deux deux notre Roi
Viens lui livrer son love, et tenter d’la bouyave.
Va la voir et dis lui que je m’excuse grave
De m’rabouler ça comm mais faut qu’je l’entretienne
T’es opé pour le taff, ? j’attends que tu reviennes. »
   
Sarace       
Tu t’excuses de quoi auprès de la patronne
J’croyais qu’t’étais son pote, qu’elle t’avait à la bonne.
Tu l’as ken la racli, ou bien c’est des mitos ?
Mon frêre t’es un caïd, un bogoss, un chiro,...
A l’Est de la banlieue, c’est toi le gros turban
Et à toi la belette elle te collerait un vent ?
A cause qu’le King la kiffe, sêrieux c’est trop l’dossier,
C’est relou comme nesbi, ça m’vener ton chantier


Antiderche
Trisse, et touche à ton darge, dis lui qu’j’veux lui jacter
Seul tout, juste elle et ouam, me fait pas mariner


Scène II


Antiderche
Ma couille, mais pourquoi t’es québlo ?
J’pétoche de lui bailler que j’la kiffe à cette go….
Cinq piges que je m’écrases, cinq que j’lui mets une disquette
Mais on est pas tepo, j’veux la zeb la belette !

A l’époque elle me fait style je veux pas savoir
Alors pourquoi today, je serais plus tricard ?
Maintenant que le Roi louche sur son tarma
Elle m’écoutera pas mieux, putain c’est trop l’dawa
   
Il va se la marier, pourquoi je tiltes maint’nant
« Salut ma rate j’te kiffe, et toi comment tu me sens ? »
J’vais m’lachave en deux deux, on restera painco
J’la rappelle jamais, je teje son numéro…
   
Et puis je crève en chien, et elle, elle le sait pas ?
J’vais pas chouiner seultout, faut qu’tu lui dise, zyva
« Hé bonbax tu m’remets, te mets pas en carante
Si je veux que tu m’croques ?, rien compris, tu te plantes
Je viens juste annoncer que j’suis caillé de ouat
Depuis plus de cinq lustres, et qu’là tu vois, ma rate
Je trace et je vous laisse, toi , ton futur castor
Je me mets à l’amende, mais je te kiffe encore »
       
J’vais p’têtre lui mettre les glandes, c’est elle qui va chialer
De toute façon c’est mort, donc il faut tout lâcher.

Scène III

Antiderche
Sarace, on encarre ?  
 

          Sarace 
Cousin, j’ai vu la Reine
Mais y a du populo, ça m’a collé la haine
Comment c’est plein là d’dans, c’est auch pour l’approcher
Une galère, mon frelot, on s’croirait dans l’tromé !
Huit jours que le Titoast il était dans l’coltar
A cause que son daron a canné en barbare
Mais bon là ça va mieux, et j’crois qu’il veut pointer
Y a un keum qui m’a dit qu’le mariage est calé
C’est aujourd’hui qu’ta cops, elle vire Impératrice
C’est la teuf à la taupe, elle est trop jouasse la miss
       
Antiderche
Sa mère !   

Sarace
 

Quoi ? c’est les news qui te collent la reuja ? »    
       
Antiderche
La seule news que j’entrave, c’est qu’seultout j’lui causes pas !     
       
Sarace 
Cool, gros elle est au jus, sûr tu vas l’accrocher
Ici, dans cette cadolle, sans sonneper pour becquer
Elle gère juste le timing pour larguer les chacals
Qui lui collent le seum, mais clair qu’elle sera al
   
Antiderche
Sûr, cimer mon lascar, mais t’as pas savaté
L’autre djèse trop balèze que je t’avait collé

 Sarace
Tranquille caïd, tranquille, en deux deux que j’l’ai fait »
Les mercos font l’poireau, on embraye quand t’es prêt.
Qui rentre à la casbah ? Tu pourrais m’éclairer
   
Antiderche
Quand j’ai jointé la reine, il va falloir tracer    
 
Sarace
Qui doit calter ?    
     
Antiderche
Ouam    

Sarace
Ouat?     
       
Antiderche
En giclant du Lasspa
Je vais gicler de Rome, et je rabattrais pas »
   
Sarace
Là, je suis grave marron, mais c’est quoi ce faya ?
Depuis trois piges tu colles au bonda d’cette fatma !
T’as laché le nesbi, t’as quitté la zonmé,
Le roi y va l’antifle, la belette a gagné !
Mais c’est tout bon pour ouat, c’est toi qu’es son pierrot !
Et celui de Titoast, cousin, t’es un Pharo !
Alors pourquoi qu’ tu trisse, pourquoi est ce que tu chasses?
Zyva annonce l’atout, déboucle moi les châsses…

Antiderche
Sarace , laisse la dabuche profiter de la résoi
Et lâche l’affaire tu veux, tu fais iech vegra

Sarace  
Ok, c’est bon j’entrave, la rate elle prend du grade
C’est elle l’Impératrice, et du coup elle te brade..
Alors tu veux la teje, parce qu’elle te calcules plus
   
Antiderche
Non, et c’est pas tôtbien que j’ la met à la rue     
 
Sarace      
Alors c’est son futur qui t’a rayé des listes
Tu rentres à la casbah pour pas croiser sa piste
   
Antiderche
J’suis toujours l’sauss du king, là j’ai rien à cribler    
 
Sarace      
A cause de quoi qu’tu traces? tu te mets a l’amende
Le roi c’est un poto, tu fais partie d’la bande
Toujours dans les embrouilles t’y as sauvé sa moelle
Calmos attends un peu avant de mettre les voiles .
Tu veux rentrer au bled ? laisse le lâcher l’oseille.
Sêrieux l’histoire sans ouat, elle est pas toute pareille :
Qui c’est qu’a mis au pas les batards de Judée ?
Le Titoast sans toi, l’était pas arrivé .
Fais pas ta majorette, c’est nawak ton idée…
Hé gros, tu réponds pas?    
       
Antiderche
J’ai rien à envoyer
J’veux toper Nisbere, je veux qu’on jacte peinard
   
Sarace
Et après mon cousin?   
       
Antiderche
On saura si j’me barre    

 Sarace     
Hein !   
       
Antiderche
Elle antonne le Roi, et ouam je disparais
Titoast l’imperatrise, plus d’Antiderche, jamais !

Sarace
Tu cales sur le collage ? Pourquoi t’es tout vener ?    
       
Antiderche
Je te déniaise au frais, quand on aura pris l’air    
      
Sarace
C’est trop fort pour mon bulbe, là j’ai pas tout jépi    
       
Antiderche
La Reine rapplique ici, tu fais comme je t’ai dit


Il n'y a pour l'instant que les trois premières scènes, mais j'ai bon espoir que la suite arrive bientôt...

Pour ceusses qu'auraient pas tout entravé à cette jactance, voici la version originale :

Acte premier
Scène I.
 Antiochus
Arrêtons un moment. La pompe de ces lieux,
Je le vois bien, Arsace, est nouvelle à tes yeux.
Souvent ce cabinet superbe et solitaire
Des secrets de Titus est le dépositaire.
C'est ici quelquefois qu'il se cache à sa cour,
Lorsqu'il vient à la reine expliquer son amour.
De son appartement cette porte est prochaine,
Et cette autre conduit dans celui de la reine.
Va chez elle: dis-lui qu'importun à regret
J'ose lui demander un entretien secret.

Arsace
Vous, Seigneur, importun? vous, cet ami fidèle
Qu'un soin si généreux intéresse pour elle?
Vous, cet Antiochus son amant autrefois?
Vous, que l'Orient compte entre ses plus grands rois?
Quoi? déjà de Titus épouse en espérance,
Ce rang entre elle et vous met-il tant de distance?

Antiochus
Va, dis-je; et sans vouloir te charger d'autres soins,
Vois si je puis bientôt lui parler sans témoins.
Scène II
Antiochus, seul.
Eh bien, Antiochus, es-tu toujours le même?
Pourrai-je, sans trembler, lui dire: "Je vous aime?"
Mais quoi? déjà je tremble, et mon coeur agité
Craint autant ce moment que je l'ai souhaité.
Bérénice autrefois m'ôta toute espérance;
Elle m'imposa même un éternel silence.
Je me suis tu cinq ans, et jusques à ce jour,
D'un voile d'amitié j'ai couvert mon amour.
Dois-je croire qu'au rang où Titus la destine
Elle m'écoute mieux que dans la Palestine?
Il l'épouse. Ai-je donc attendu ce moment
Pour me venir encor déclarer son amant?
Quel fruit me reviendra d'un aveu téméraire?
Ah! puisqu'il faut partir, partons sans lui déplaire.
Retirons-nous, sortons, et sans nous découvrir,
Allons loin de ses yeux l'oublier, ou mourir.
Hé quoi? souffrir toujours un tourment qu'elle ignore?
Toujours verser des pleurs qu'il faut que je dévore?
Quoi? même en la perdant redouter son courroux?
Belle reine, et pourquoi vous offenseriez-vous?
Viens-je vous demander que vous quittiez l'empire?
Que vous m'aimiez? Hélas! je ne viens que vous dire
Qu'après m'être longtemps flatté que mon rival
Trouverait à ses voeux quelque obstacle fatal,
Aujourd'hui qu'il peut tout, que votre hymen s'avance,
Exemple infortuné d'une longue constance,
Après cinq ans d'amour et d'espoir superflus,
Je pars, fidèle encor, quand je n'espère plus.
Au lieu de s'offenser, elle pourra me plaindre.
Quoi qu'il en soit, parlons: c'est assez nous contraindre.
Et que peut craindre, hélas! un amant sans espoir
Qui peut bien se résoudre à ne la jamais voir?
Scène III.
 Antiochus
Arsace, entrerons-nous?

Arsace
Seigneur, j'ai vu la reine;
Mais, pour me faire voir, je n'ai percé qu'à peine
Les flots toujours nouveaux d'un peuple adorateur
Qu'attire sur ses pas sa prochaine grandeur.
Titus, après huit jours d'une retraite austère,
Cesse enfin de pleurer Vespasien son père.
Cet amant se redonne aux soins de son amour,
Et si j'en crois, Seigneur, l'entretien de la cour,
Peut-être avant la nuit l'heureuse Bérénice
Change le nom de reine au nom d'impératrice.

 Antiochus
Hélas!

Arsace
Quoi? ce discours pourrait-il vous troubler?

Antiochus
Ainsi donc sans témoins je ne lui puis parler?

Arsace
Vous la verrez, Seigneur: Bérénice est instruite
Que vous voulez ici la voir seule et sans suite.
La reine d'un regard a daigné m'avertir
Qu'à votre empressement elle allait consentir,
Et sans doute elle attend le moment favorable
Pour disparaître aux yeux d'une cour qui l'accable.

Antiochus
Il suffit.
Cependant n'as-tu rien négligé
Des ordres importants dont je t'avais chargé?

Arsace
Seigneur, vous connaissez ma prompte obéissance.
Des vaisseaux dans Ostie armés en diligence,
Prêts à quitter le port de moments en moments,
N'attendent pour partir que vos commandements.
Mais qui renvoyez-vous dans votre Comagène?

Antiochus
Arsace, il faut partir quand j'aurai vu la reine.

Arsace
Qui doit partir?

Antiochus
Moi.

Arsace
Vous?

Antiochus
En sortant du palais,
Je sors de Rome, Arsace, et j'en sors pour jamais.

Arsace
Je suis surpris sans doute, et c'est avec justice.
Quoi? depuis si longtemps la reine Bérénice
Vous arrache, Seigneur, du sein de vos Etats,
Depuis trois ans dans Rome elle arrête vos pas;
Et lorsque cette reine, assurant sa conquête,
Vous attend pour témoin de cette illustre fête,
Quand l'amoureux Titus, devenant son époux,
Lui prépare un éclat qui rejaillit sur vous...

Antiochus
Arsace, laisse-la jouir de sa fortune,
Et quitte un entretien dont le cours m'importune.

Arsace
Je vous entends, Seigneur : ces mêmes dignités
Ont rendu Bérénice ingrate à vos bontés.
L'inimitié succède à l'amitié trahie.

Antiochus
Non, Arsace, jamais je ne l'ai moins haïe.

Arsace
Quoi donc? de sa grandeur déjà trop prévenu,
Le nouvel empereur vous a-t-il méconnu?
Quelque pressentiment de son indifférence
Vous fait-il loin de Rome éviter sa présence?

Antiochus
Titus n'a point pour moi paru se démentir:
J'aurais tort de me plaindre.

Arsace
Et pourquoi donc partir?
Quel caprice vous rend ennemi de vous-même?
Le ciel met sur le trône un prince qui vous aime,
Un prince qui jadis témoin de vos combats,
Vous vit chercher la gloire et la mort sur ses pas,
Et de qui la valeur, par vos soins secondée,
Mit enfin sous le joug la rebelle Judée.
Il se souvient du jour illustre et douloureux
Qui décida du sort d'un long siège douteux.
Sur leur triple rempart les ennemis tranquilles
Contemplaient sans péril nos assauts inutiles;
Le bélier impuissant les menaçait en vain.
Vous seul, Seigneur, vous seul, une échelle à la main,
Vous portâtes la mort jusque sur leurs murailles.
Ce jour presque éclaira vos propres funérailles:
Titus vous embrassa mourant entre mes bras,
Et tout le camp vainqueur pleura votre trépas.
Voici le temps, Seigneur, où vous devez attendre
Le fruit de tant de sang qu'ils vous ont vu répandre.
Si pressé du désir de revoir vos Etats,
Vous vous lassez de vivre où vous ne régnez pas,
Faut-il que sans honneur l'Euphrate vous revoie?
Attendez pour partir que César vous renvoie
Triomphant et chargé des titres souverains
Qu'ajoute encore aux rois l'amitié des Romains.
Rien ne peut-il, Seigneur, changer votre entreprise?
Vous ne répondez point?

Antiochus
Que veux-tu que je dise?
J'attends de Bérénice un moment d'entretien.

Arsace
Eh bien, Seigneur?

Antiochus
Son sort décidera du mien.

Arsace
Comment?

Antiochus
Sur son hymen j'attends qu'elle s'explique.
Si sa bouche s'accorde avec la voix publique,
S'il est vrai qu'on l'élève au trône des Césars,
Si Titus a parlé, s'il l'épouse, je pars.

Arsace
Mais qui rend à vos yeux cet hymen si funeste?

Antiochus
Quand nous serons partis, je te dirai le reste.

Arsace
Dans quel trouble, Seigneur, jetez-vous mon esprit?

Antiochus
La reine vient. Adieu. Fais tout ce que j'ai dit.

Go to bed now.
Partager cet article
Repost0

commentaires

Q
Merci beaucoup de faire partager mon petit délire perso!<br /> Je songe d'ailleurs à finir la "traduction" de la pièce, puisque à ma grande honte, je me suis arrêté au deuxième acte faute de courage!
Répondre
A
Excellent...Nice to meet you
Répondre
D
La version argotique est aussi peu(?) compréhensible que du Rabelais en version originale...Un exemple avec la "substantificque mouelle"http://www.geocities.com/athens/forum/5462/rabelais.html
Répondre
S
J'adore! Morte de rire! ça c'est du décalé ou je ne m'y connais pas! Merci pour cette perle!Bises Abie et bon début de semaine
Répondre

Edito

Soyez les bienvenus sur ce petit blog sans ligne éditoriale fixe, qui échoue à mourir depuis 2005.
La fréquence de mise à jour se veut quotidienne au mieux (par ce que je suis de nature optimiste), trimestrielle au pire (parce que je suis velléitaire bien plus encore).

Alea jacta est :


Aussi :



Ordo Ab Chao