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2 février 2008 6 02 /02 /février /2008 00:07
Je viens de découvrir une coutume taxonomique particulière de la bactériologie, que je m'empresse donc de vous faire partager...
Vous savez sans doute que la classification  des espèces biologiques se fait selon un nom binômial , selon une forme créée par Linné : un nom de genre et un nom d'espèce, du type Genus species. Dans ton cas, cher lecteur, il s'agit fort probablement de Homo sapiens.

Imaginez donc ma surprise de voir que la bactérie parasitique endo-cellulaire qui vient de décrocher le titre envié de "plus petit génome connu" * est référencée dans Wikipédia non pas comme Carsonella rudii mais comme Candidatus  Carsonnella rudii.
Serait-ce une façon de signifier que le nom choisi n'est pas définitif ? Que nenni.

Il faut savoir que pour être pleinement reconnue comme une espèce, une bactérie doit  être non seulement décrite mais aussi isolée, cultivée et déposée à la Collection de cultures de bactériologie. Problème : les bactéries ne se laissent pas troujours faire, et refusent parfois obstinément de pousser en boîte de Pétri.
C'est c'est ainsi que la convention de nommage Candidatus a été adoptée, en 1995,  par les bactériologistes pour décrire les espèces bien caractérisées mais non cultivables.
Parmi elles, on trouve évidemment en bonne place toutes les bactéries parasitiques ou endosymbiotiques qui ont un besoin absolu de leur organisme hôte pour survivre.

Hé bien ce soir, une fois de plus, je me coucherai moins bête...



* Cette ceinture poids-plume a été volée à Mycoplasma genitalium, qui l'avait défendu pendant des decennies. Son demi-million de paires de bases n'a pas fait le poids face aux 160 000 (même pas 200 gènes !) de C. rudii.

NB : Je n'ai pas su  résister au jeu de mot de titre, mais j'aurais dû, car Candida est un genre de levures, pas de bactéries...
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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 00:00
Quand j'étais petite, je lisais à peu près tout ce qui me tombait sous la mains (on va me faire remarquer que ça n'a guère changé mais c'est une autre histoire).
Un des bouquins que mes parents n'avaient pas pensé à planquer était la Couleur tombée du ciel de Lovecraft et je dois dire qu'il a fait une durable impression dans ma cervelle encore tendre (brr!). J'ai donc immédiatement trouvé des similitudes troublantes en lisant cette histoire, vieille de six mois mais qui m'avait échappée jusqu'ici :

Une météorite est tombée début septembre près de Caranca au Pérou, creusant un cratère de 30 m de diamètre et 6 de profondeur. Et les habitants des alentours ont commencé à se plaindre de maux de tête et de vomissements, pendant que se répendait une odeur nauséabonde...
Les premières recherches ont permis d'écarter l'hypothèse de l'irradiation (les symptomes digestifs sont très courants dans ces cas-là) , et les équipes de médecins et de géologues ont fini par déterminer qu'il s'agissait d'une intoxication à l'arsenic et aux sulfures (ce qui explique l'odeur) : l'impact de la météorite a vaporisé une nappe d'eau souterraine et le nuage a emporté avec lui toutes ces charmantes saloperies...

En fin de compte, aucun surnaturel là-dedans, et on pourrait sans doute relire Lovecraft en proposant une explication analogue qui pourrait expliquer plusieurs des horreurs décrites : animaux morts, plantes chétives et bizarroïdes...
Mais la beauté du fantastique est bien dans le fait que, même si on arrive à formuler une hypothèse crédible, le bouquin foutra toujours autant la frousse !

Pour ceux que ce lien amuse, je vous encourage à lire une nouvelle de Santiago Ramon y Cajal parue dans le recueil Cuentos de vacaciones que j'ai dû me procurer en anglais (Vacation stories) pour cause d'ignorance chronique de la langue de Cervantes. Intitulée La casa maldita (The Accursed House, La Maison maudite), elle décrit comment un médecin rationaliste "exorcise" une maison où les habitants meurent, les animaux tombent malades et du sang apparaît sur l'herbe...
Très amusant, mais aussi révélateur desespoirs portés par les progrès de la biologie au début du XXe siècle

* Prix Nobel de médecine, rien que ça, la même année que Golgi, mais c'est une autre, longue et passionnante histoire...
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28 janvier 2008 1 28 /01 /janvier /2008 00:19
Avisse à ceux qui, devant les frayeurs causées par les actions, voudraient investir dans  la pierre (précieuse) :

Les mesures de sécurité antiterroristes ont d'ailleurs eu une conséquence inattendue sur les pierres précieuses. Car devant les menaces causées par les poudres blanches dans les courriers, il avait été décidé d'irradier les enveloppes. Des dizaines de carats de saphirs bleus ainsi transportés sont ainsi devenus jaune orange tandis que des perles blanches devenaient grises ou noires.

 (relevé dans l'article D'où viennent les couleurs du saphir et du rubis ?, dans Le Figaro)

L'article d'origine explique bien que les couleurs des pierres précieuses proviennent en général des impuretés qu'elles contiennent : il existe des saphirs verts, jaunes, roses...
Ce qu'il oublie de rappeler, qu'est que ces pierres sont fondamentalement instables, ou pour être plus précis, en équilibre métastable.
Elles ont été formées à très hautes pression et température, et leur retour à la surface grâce aux mouvements tectonique pour le plus gros (et la main du mineur sud-africain pour les derniers hectomètres) les a sortis de leur situation d'équilibre. Certes ce ne sont pas des glaçons qui vont se mettre à fondre parce qu'on les a sorti du congélo, ce serait plutôt comme de l'eau encore liquide à -5°C, et que la moindre perturbation peut faire prendre en masse.
Les constantes thermodynamiques de la réaction font qu'elle est en fait très lente et très rare, mais il est arrivé à quelques malchanceux de voir leur diamant perdre sa structure cristalline et en adopter une plus stable aux CNPT*, mais de bien moindre valeur : le graphite par exemple...
Amusant, tant que l'on n'est pas le propriétaire, non ?

Pour ceux qui, sans  pensées spéculatives, voudraient obtenir un saphir ou un rubis, rien de plus simple. Pas la peine de gagner au Loto ou de braquer une banque : vous pouvez acheter un saphir pour le prix d'une bière en terrasse. Nous, rassurez-vous, je ne débloque pas (encore) à plein pot...
C'est sur le blog de David Madore que j'ai appris l'existence de cristaux de corindon très abordables, pour la simple raison qu'ils sont fabriqués en laboratoire et non par les attentions de Mère Nature.
Les processus de fabrication sont assez variés (la règle de base : chauffer très fort) et donnent lieu à l'observation de choses aussi étranges que cette étonnante « cigarette »... (à droite, le cristal de rubis)

Flame_fusion_of_corundum.jpg

Les pierres qui en résultent sont bien chimiquement équivalentes à celles qui brillent au cou des stars, mais s'achètent en vrac, éventuellement sur Internet, par paquets de 10 ou 100 à des tarifs défiant toute concurrence...
Pour être honnête avec vous, je dois bien avouer que depuis que j'ai lu cette article, j'ai des pulsions de m'acheter des rivières de rubis. (De toute façon, j'ai jamais aimé les diamants**...)
Le sang-de-pigeon, c'est la vie !

Pour conclure, j'invite ceux de mes lecteurs d'obédience anglophone à se jeter sur cet incroyable article d'Edward Jay Epstein sur l'immense campagne menée au XXe siècle par le consortium des diamantaires pour que le diamant soit associé dans l'esprit de tout un chacun à l'idée de richesse, de classe (avant, c'était plutôt les perles) et surtout d'amoûûûr...
Hollywood y a beaucoup participé, bien sur (Diamond are a girl's best friend...)
Cela a tellement bien marché, en particulier aux États-Unis, que le diamant de la bague de fiancailles est vécu comme une tradition immémoriale alors qu'elle a été montée de toutes pièces après la deuxième guerre mondiale ! Si ça n'est pas un bel exemple de création de richesse, je ne sais pas ce que c'est, mon bon monsieur Attali...

(*) Conditions Normales de température et de Pression,
Dans l'article Wikipédia, je découvre qu'il s'agit d'une pression de  1 atmosphère (ça, c'est logique) et d'une température de 0 °C (si peu ?). Je devais confondre avec la « température ambiante » qui est apparement fixée à 25°C alors que mes souvenirs (lointains) de thermo m'évoquent une référence à 20°C. Les chimistes seraient-ils plus frileux que le biologiste moyen ? À moins que les vrais labos de recherche soient mieux chauffés que de simples salles de travaux pratiques...

(**) C'est vrai, honest Indian! Je préfère les pierres colorées, voire noires. D'ailleurs attention : on sait fabriquer des diamants en laboratoire, mais les « faux diamants » les plus courants sont des imitations à base de zirconium qui n'ont aucun rapport chimique avec le diamant.
 
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14 janvier 2008 1 14 /01 /janvier /2008 00:00
Enfin, plutôt : la biologie sur les site internet d'information, c'est plus facile pour les liens...

* La France suspend l'autorisation de la semence génétiquement modifiée MON810 de Monsanto, tandis que se prépare la nouvelle génération d'OGM : cette fois-ci, il s'agit d'animaux génétiquement modifiés.
Point positif : au moins, les risques de contamination des champs par leur pollen sera extrêmement limité... :-p

* Le débat des présidentielles américaines reste à pleurer sur le plan scientifique. Huckabee, l'un des candidats à la candidature républicaine, a récemment sorti :

I think schools also ought to be fair to all views. Because, frankly, Darwinism is not an established scientific fact. It is a theory of evolution, that's why it's called the theory of evolution.

Je pense que les écoles doivent aussi être impartiales envers les différents point de vue. Parce que, franchement, le Darwinisme n'est pas un fait scientifique établi. C'est une théorie de l'évolution, c'est pour ça que ça s'appelle la théorie de l'évolution.
Je sais que c'est un ancien pasteur, mais tout de même ! (Plus sur Pharyngula)

* Pour se remonter le moral, il ne nous reste plus qu'à aller écouter la chanson de la PCR
(via Pharyngula aussi). Et allez voir dans les archives, si vous préférez l'ode à l'ARNm, sur l'air de YMCA.

C'est tout pour aujourd'hui !

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3 novembre 2007 6 03 /11 /novembre /2007 16:42
Liquidation avant fermeture : je fais la chasse aux bribes et citations notées dans mon agenda 2007 attendu que je vais devoir le mettre à la retraite d'office bientôt...

Je vous épargne les citations scientifiquement approximatives tirées de l'Échelle de Darwin de Greg Bear. Au final, ce n'est pas si abominable que ça considérant les efforts qu'il a fourni pour donner un contexte scientifique à son argument de départ.
Gardez juste à l'esprit que quand quelqu'un prétend que l'homme est plus complexe que la drosophile, la réaction la plus saine est de lui rire au nez...

Dawkins Dans la foulée, au printemps dernier, j'avais lu le fameux Gène égoïste de ce cher Richard Dawkins. (pour ceux qui n'ont aucune idée de ce dont je parle, un petit résumé).
Le livre a déjà plus de trente ans, mais il a remarquablement bien vieilli, à l'exception prévisible des comparaisons sur le pouvoir de calcul des ordinateurs... La traduction est parfois frustrante (Odile Jacob pourtant, mince!), mais le message passe sans problème.
Ce n'est sans doute pas le plus accessible de
ses livres -- pour ceux qui lisent l'anglais mais qui n'y connaissent rien en biologie, je recommande Climbing Mount Improbable, sur l'évolution de l'œil-- mais il a indubitablement marqué l'histoire de la génétique.

Caveat
: Comme d'habitude, mes extraits ne sont absolument pas représentatifs de l'ensemble du livre...
[L]'un des aspects positifs de cette théorie [de Medewar et Wilson], c'est qu'elle nous conduit à faire des spéculations assez intéressantes. Par exemple il s'en suit que si nous voulions augmenter la durée de la vie humaine, il existe deux manières générales de le faire. Nous pourrions d'abord interdire la reproduction avant un certain âge, disons 40 ans. Au bout de quelques siècles de cet âge minimal, on pourrait placer la barre à 50 ans, etc.
Eh oui, techniquement, ça marcherait : même avec un âge maximal identique, on aurait effectivement à assez court terme une disparition de maladies graves, héréditaires et précoces (mettons l'anémie falciforme, par exemple), puisque les malades ne pourraient pas la transmettre.
Cela ne règle bien sûr pas le problème des porteurs sains de maladies récessives (hémophilie, par exemple), ni les maladies graves et héréditaires mais ne se déclarant que tardivement (parmi d'autres, la tristement célèbre chorée de Hungtigton, dite danse de Saint-Gui).
Et soyons bien clairs : Dawkins ne défend pas le moins du monde un telle politique, qui de toute façon, ne ferait sans doute que créer des comportement encore plus nocifs...
Génétiquement parlant, votre cousin germain est équivalent à un arrière-petit-enfant.
Du moins en terme de poximité génétique avec vous, bien sûr, ne lui faites pas dire ce qu'il n'a pas dit...
Il est une vérité d'une logique implacable selon laquelle , s'il n'y a pas d'émigration massive dans l'espace (...), les taux de naissance incontrôlés vont mener à des taux de mortalité effroyablement importants. Il est difficile de croire que cette simple vérité ne soit pas comprise par les responsables qui interdident à leurs semblables d'utiliser des méthodes de contraceptions efficaces. Ils expriment une préférences pour les méthodes "naturelles" de de limitation de population, et c'est ce qu'ils vont justement finir par obtenir. Le nom de cette méthode est la famine.
(Encore un exemple de traduction bizarre, non-idiomatique. Un français dirait "Cette méthode s'appelle la famine".)

Dawkins expose aussi dans ce livre une notion nouvelle : le mème. Cette idée (ce mème ? :-p) a eu beaucoup de succès depuis, et l'on parle aujourd'hui de mémétique, la discipline qui étudie les mèmes.
Dieu existe, même s'il n'a que la valeur d'un mème ayant une valeur de survie élevée ou un pouvoir infectieux très virulent dans l'environnement fourni par la culture humaine.

Quand nous mourons, nous laissons derrière nous des gènes et des mèmes. (...)
Un ou deux gènes de Socrate peuvent ou non être vivants aujourd'hui, mais comme G.C. Williams l'a fait remarquer, cela n'intéresse personne. Par contre, les complexes de mèmes de Socrate, Léonard de Vinci, Copernic et Marconi sont toujours bien présents.
Nous sommes construits pour être des machines à gènes et élevés pour être des machines à mèmes, mais nous avons le pouvoir de nous retourner contre nos créateurs. Nous sommes les seuls sur terre à pouvoir nous rebeller contre la tyrannie des réplicateurs égoïstes.
Voilà matière à réflexion...
Et pour les courageux qui ont lu jusqu'ici, ce bon mot de Sir Robert May, cité par Dawkins :
En première approximation toutes les espèces sont des insectes.
Mes hommages à Madame et à bientôt, donc !
 
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12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 00:13
Voilà un petit moment que je ne vous ai pas parlé de biologie, et j'ai donc accumulé au cours des derniers mois dans mes cartons tout un tas d'histoires susceptibles de vous intéresser.
Oui, oui, même toi là-bas, au fond, si tu crois que je ne t'ai pas vu.... (*)

Il y a bien sûr eu beaucoup de nouvelles passionnantes, mais avant d'attaquer bille en tête avec les choses ésotériques, je propose que nous commencions par la partie de la biologie par laquelle chacun se sent quotidiennement concerné, j'ai nommé la médecine...

Du nouveau contre le Sida


Plusieurs nouvelles se sont dernièrement disputé le haut du pavé en la matière : il faut dire qu'il y a des centaines d'équipes qui y travaillent d'arrache-pied.
il y a déjà plusieurs mois, on apprenait que les secrets d'une résistance naturelle au VIH avait été percés. En effet, environ 1% de la population infectée étudiée reste quasiment asymptomatique, grace à des légères particularités génétiques concernant en particulier le HLA , un complexe de gènes bien connu. Cette découverte améliore la compréhension des mécanismes de défenses possibles contre le virus et donne de l'espoir pour la suite.

L'autre avancée significative permet quant à elle de progresser vers une stratégie non pas seulement palliative mais réellement curative du Sida.
Rappellons le principe général (en simplifiant beaucoup) : quand un virus du sida infecte une cellule, comme tout bon rétrovirus, il copie son génome d'ARN en ADN, et le colle dans le patrimoine génétique de la cellule, la forçant à abandonner son travail honnête de lymphocyte : la voilà se met à produire d'autres virus...
Cette nouvelle approche thérapeutique ne se contente pas de limiter la production de virus : elle cherche à retirer tout l'ADN viral du noyau des cellules, pour les gérir complètement. Pour cela on utiliser une enzyme bactérienne (Cre pour les collègues) soigneusement bidouillée, et en quelque mois, pouf ! la culture de cellules est comme neuve... 
Le succès de cette méthode en laboratoire et in vitro est encourageant, mais ce n'est bien sûr qu'une première étape à la mise au point d'un traitement, qui devrait prendre, à la louche, une dizaine d'années si tout va bien.
Engelman A., AIDS/HIV. A reversal of fortune in HIV-1 integration, Science. Juin 2007 29;316(5833):1912-5.
Enfin pour conclure dans les bonnes nouvelles sur la question, sachez qu'un vaccin intitulé CombiHIVvac  vient d'être mis au point par des chercheurs russes, associant une foultitude d'antigènes variés sur des nanotubes de carbone ce qui lui permet d'être inoffensif (pas de risque d'infection, comme avec un pathogène seulement atténué) et probablement pas mal efficace malgré la variété des souches de VIH en circulation. On va donc pouvoir commencer les essais cliniques....
L.I. Karpenko et al, CombiHIV vac vaccine which contains polypepitope B-and T-cell immunogens of HIV-1, 2007,  Doklady Akademii Nauk, 2007, Vol. 413, No. 4, pp. 553–556.

(*) J'ai passé l'été à me faire expliquer par des gamins que les SVT leur sortent par les trous de nez, puis à me faire assaillir de questions pertinentes sur la vie, la mort, les zanimaux et le reste, par les même susdits gamins. La vie est ainsi faite...
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16 juin 2007 6 16 /06 /juin /2007 00:00
mr-phead.jpgLu il  y  un ou deux mois dans un magazine aliénant féminin (google dénonce : il s'agit de Biba), chez  le médecin, dans un "dossier" Spécial minceur (comme c'est original),  sous le titre Les bons réflexes à adopter à vie:
Que faire de (l'incontournable) pomme de terre ? Vu son IG, mieux vaut s'en méfier. Elle contient un sucre particulier --l'amidon-- qui la rend infréquentable.
Pour ceux qui ne sont pas au fait du dernier jargon diététique, IG vaut pour indice glycémique, qui indique en gros la vitesse à laquelle le sucre va passer dans le sang.
Moins il est entouré de fibres, plus il passe vite, et plus l'organisme enregistre un pic de glycémie qui induit une sécrétion d'insuline, permettant la glycogénogenèse, ce qui est une bonne chose, mais aussi *gasp! the horror!* la lipogenèse. C'est-à-dire le stockage sous forme de gras : le mal absolu, pensez donc !

En gros, les sucres raffinés sont très rapides à digérer (pain blanc...) parce qu'on les a soigneusement débarrassés de toutes leurs fibres, mais c'est aussi le cas de la patate, qui contient très peu de fibres.
Fort bien .
Maintenant, quelqu'un peut-il m'expliquer ce qui est passé par la tête du pisseur de copie lorsqu'il a écrit :
Elle contient un sucre particulier --l'amidon-- qui la rend infréquentable.
L'amidon? la forme de stockage favorite de, voyons voir... tout le règne végétal?! Le point commun de tous les féculents?!
Céréales, légumineuses, tubercules, donc aussi les pâtes, la semoule, le pain, les pâtisseries, les pizzas...  
J'ai vraiment du mal à voir ce que ce sucre a de particulier à la pomme de terre, mais après tout, si vous voulez vous en passer tout au long de votre vie, grand bien vous fasse.
Je vous souhaite juste bien du courage : il est déjà passablement compliqué de se tenir à un régime sans gluten, alors sans amidon du tout...


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13 juin 2007 3 13 /06 /juin /2007 00:00
C'est la vraie marque d'un philosophe que le sentiment d'étonnement. Platon, Thééthète.

Or le premier nom des sciences nat' fut celui de philosophie naturelle. Voici donc de quoi vous étonner et vous émerveiller...

Mon nouveau fond d'écran :

Ophiura-ophiura-petit.jpg
Source
: Wikicommons

Et dire qu'avec ça, il y a encore des gens qui s'amusent à écrire de la science-fiction avec des monstres d'outre-espace dedans. Alors qu'on a les ophiures.

Mon prochain investissement :

C'est pas pour me répéter, mais
dire qu'il y a encore des gens qui s'amusent à écrire de la fantaisy avec des créatures mystérieuses dedans, alors qu'on a les poulpes pokémon :

pikachu.jpg

D'autres images extraordinaires dans le
diaporama du NYT (article complet) extraites du livre manifestement extraordinaire Abysses, de Claire Nouvian (interview). 
Edit : Encore du rab de photos incroyables...(Merci Mauriner)
Je me l'achète à la première provocation.

Ma prochaine sortie
:

Le Musée minéralogique de l'École des Mines de Paris.

Wulfenite-Mines-Petit.jpg

Photo de Wulfenite © Cyril Langlois, merci à lui.
D'autres photos d'échantillons du musée.

Et sans rapport avec le musée, juste pour vos yeux, une image de crocoite à vous couper le souffle. (Wikicommons)

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10 juin 2007 7 10 /06 /juin /2007 00:00
sperm.jpgL'infertilité est une question extrêmement chargée d'émotions et de frustrations, en particulier dans le cas de ce qu'il est convenue les cas "tardifs", les couples qui tentent d'avoir un premier enfant après l'âge moyen (*) (autour de 29 ans pour la mère en France).

Un test récemment arrivé en pharmacie a le mérite de s'attaquer à un problème peu discuté : l'infertilité masculine. Appellé Fertell (j'imagine construit sur fertility et foretell, c'est-à-dire prédire), il permet de savoir en une petite heure, chez soi, si les spermatozoïdes présentent une vivacité suffisante pour espérer concevoir facilement
Bien entendu, cela ne remplacera pas un spermogramme détaillé en cas de problème d'infertilité persistante, mais c'est tout de même une jolie avancée.

Il convient en effet de rappeller que dans les cas d'infertilité, le partenaire qui en est à l'origine est aussi souvent l'homme que la femme (dans 40% des cas pour tous les deux). Et dans un cas sur 5 (les 20% restants, pour les fâchés avec les maths), la cause est commune, par exemple une double infertilité légère qui ne pose problème que parce qu'elle est combinée.
Que certains messieurs de couples infertiles ravalent donc leur fierté mal placée et se rassurent : la virilité ne se mesure pas par spermogramme.
Mais alors vraiment pas.

OvarianReserveChart.pngUn autre test, arrivé presque simultanément sur les étagères d'apothicaires, est un peu plus lourd (prise de sang) mais suit la même logique : il est censé évaluer la "qualité" du stock d'ovules présents dans les ovaires.
Certains s'inquiètent déjà que cette possibilité de prévoir à l'avance (le test s'appelle PlanAhead) rassure exagérément les futures mères, qui retarderaient alors trop leur décision d'avoir un enfant.
Franchement, je ne saurais pas évaluer la probabilité de cette réaction : j'ai beaucoup de mal à exercer mon empathie sur un sujet qui me paraît (à titre personnel évidemment) absolument extraterrestre. Mais bon.
Les gens font bien ce qu'ils veulent, hein. Des enfants, entre autres.

Enfin, rappellons que l'infertilité n'est caractérisée (hors examen précis bien sûr) qu'après deux ans de tentative sans résultat. Ce que les médecins ont parfois du mal à faire entendre à des femmes pressées, qui après deux ou trois cycles d'attente demandent un traitement de stimulation hormonale...

Via Feministing, comme souvent.

------------
(*)
J'ai dû reformuler ma phrase pour ne pas avoir à écrire "l'âge du premier enfant", qui par exemple dans le cas de mon auguste génitrice est de 25 ans aujourd'hui, mais 26 bientôt, vu que le premier enfant, c'est moi...
On devrait dire "âge du premier accouchement viable" ou quelque chose dans le même esprit.



Dans le domaine délicat de la reproduction humaine, la procréation assistée est souvent liée à la question de l'eugénisme.
Ne sautez pas en l'air comme ça, voyons, ce ne devrait pas être une révélation : nous pratiquons l'eugénisme, en l'occurence l'eugénisme négatif (élimination de caractères vus comme défectueux), par exemple dans le cas des IVG dites thérapeutiques.
L'eugénisme positif (choisir les caractères voulus) reste lui, non seulement interdit mais de fait impraticable : le gène de l'intelligence, désolée, mais on ne risque pas de le trouver...

Mais des cas existent où la logique qui permet de distinguer les deux devient difficilement applicable, comme ceux décrit dans l'article Wanting Babies Like Themselves, Some Parents Choose Genetic Defects du New York Times. Il rapporte qu'une enquête auprès de près de 200 climiques américaines a montré que six d'entre elles avaient déja effectué des précédures vidant à sélectionner un handicap.

Il s'agit en l'occurrence d'une utilisation surprenante (quoique pas tant que ça) de la technique du diagnostic préimplantatoire, utilisée le plus souvent lorsqu'un des parents est porteur d'un allèle défectueux et dominant (chorée de Huntington, par exemple). Le DPI permet de distinguer les embryons porteurs du défaut et de ne *pas* les implanter (eugénisme négatif donc).
Ici, il s'agit du contraire : des parents affectés d'un handicap associé à une certaine façon de vivre, voire à une culture propre (nanisme et surdité) choisissent délibérément d'avoir des enfants semblables à eux.

La question qui se pose à l'équipe médicale est particulière : il s'agit non pas de laisser un enfant naître quelque soit son état de santé, mais de produire délibérément un bébé porteur d'un handicap qui détermine sa vie entière. C'est une question de bioéthique qui pour l'instant ne se pose pas en France. En restera-t-il ainsi ?

Voir aussi :
Le reportage de la BBC
Un article du Washington Post de 2002, sur un enfant sourd conçu par fécondation artificielle avec sperme de donneur sourd.


 
Pour rester dans le domaine de la prise de décisions éclairées par une bonne compréhension des techniques employées, voici un article de l'Express, datant de mercredi dernier, qui fait froid dans le dos :
22 % des personnes interrogées - et même 34 % des 15-20 ans - pensent que la pilule peut rendre stérile, tandis que 50 % croient l'usage du stérilet impossible si l'on n'a jamais eu d'enfant. "Une représentation erronée, hélas partagée par certains médecins généralistes et gynécologues, qui déconseillent l'usage de cette méthode contraceptive aux jeunes femmes nullipares", regrette Nathalie Bajos, chercheuse à l'Inserm.

La contraception d'urgence - ou pilule du lendemain - reste méconnue: 35 % des sondés au fait de son existence sont convaincus qu'elle s'adresse seulement aux jeunes femmes de moins de 25 ans, et seuls 5 % savent qu'il est possible de l'utiliser jusqu'à soixante-douze heures après un rapport non protégé.

Plus grave: 1 jeune sur 10 âgé de 15 à 20 ans ignore que la pilule n'offre aucune protection contre le sida et les maladies sexuellement transmissibles.
Bon hé ben y'a encore du boulot.

Ça me fait une raison de plus de discuter de ce genre de choses dans mes dîners mondains.
Parce que, ne me demandez pas comment, mes conversations avec des gens qui sont parfois de parfaits inconnus tournent souvent autour de sujets comme la torsion du cordon spermatique (atrocement douloureux), les môles hydatiformes, les grossesses virginales liées aux éjaculations périvaginales ou encore les correspondances embryologiques entre la verge et l'anatomie clitoridienne...
(1)

Eh bien vous n'imagineriez pas à quel point cela intéresse les gens, et même pas pour ricaner ou faire des blagues salaces.
En vérité, je vous le dis : le monde entier devrait être biologiste, ça simplifierait les choses.

-----------
(1) Sans parler des mœurs compliquées de l'accenteur mouchet, de la sélection sexuelle chez les hirondelles (elle se fait sur la longueur de la queue, ça ne s'invente pas...), ou encore les lézardes lesbiennes du désert du Névada




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20 mai 2007 7 20 /05 /mai /2007 00:00
Honte sur moi...
Je suis censée être une biologiste, peut-être pas une naturaliste forcenée,soit, certainement pas une botaniste invétérée, j'en conviens, mais tout de même!

Mais reprenons du début, sans quoi vous n'y comprendrez rien : suite à mon dernier article, j'ai commencé à étudier avec attention les noms que le calendrier républicain donne aux jours de l'année en lieu et place des saints, et j'ai pu les classer en grandes catégories : les animaux, les objets et outils, la nourriture -- Miel, Bouillon blanc (!)--, et surtout les végétaux.

Edit : Ah non, le Bouillon Blanc est en fait le nom d'une plante ! Merci Foster...

Parmi ces derniers, j'ai pu distinguer un quarteron d'arbres, un autre de fleurs, et autant de végétaux divers tels que le lierre, le roseau, la bruyère, le chanvre, la pulmonaire, et même (au moins partiellement... ) le lichen. Mais le gros de la troupe, bien sûr, est constitué de plantes comestibles, ou plutôt consommées, des fruits aux herbes aromatiques, de la plus courante (pomme de terre) à la plus démodée (mélisse).

Là où mon orgueuil en a pris un coup, c'est quand j'ai vu qu'après tous ces beaux classement il me restait tout de même plus d'une cinquantaine de mots sur les bras !
Ho, bien sûr, je sais que le sénévé et la valériane sont des plantes, mais quel genre ? des petites, des grandes ? Les mange-t-on ou les cultivait-on simplement pour leurs propriétés médicinales ? Font-elles des fleurs ? 1
Dans d'autres cas, comme celui de la Vesce, je connais la tête de la plante et même sa famille (ici, Fabacées), et je sais qu'on la trouve en prairie, mais est-elle sauvage? cultivée ? fourragère ? 2

Honte sur moi, vous dis-je !

Heureusement, je dispose de quelques indices...
Prenons par exemple la garance : même en ayant tout oublié de mes cours -- j'en ai eu -- sur la garance voyageuse (pélerine dit son nom latin), je sais que les soldats français portaient jusqu'au début du 20e siècle des pantalons garance, c'est-à-dire rouge vif. La garance (dite "des teinturiers") est en effet une plante tinctoriale qui était cultivée pour la capacité de sa racine à fournir une belle teinte rouge.

amarante.jpgDans le même ordre d'idée, je vois dans ma liste l'Amaranthe : le "h" me semble de trop, mais à part cela, la seule idée que ce nom m'évoque est un passage de des Femmes Savantes... Attendez voir que je mette la main dessus ... Ah, le voilà, ce poème hideux de Monsieur Trissotin :
L'amour si chèrement m'a vendu son lien,
Qu'il m'en coûte déjà la moitié de mon bien.
Et quand tu vois ce beau carrosse
Où tant d'or se relève en bosse,
Qu'il étonne tout le pays,
Et fait pompeusement triompher ma Laïs,
Ne dis plus qu'il est amarante :
Dis plutôt qu'il est de ma rente.
Manifestement, amarante est donc aussi une couleur, et rouge aussi, pour autant que je me souvienne. À défaut d'une plante tinctoriale, il faut donc s'attendre à une fleur ornementale : et hop, Bingo !

Autre énigme de peu de mystère : Turneps
Oui, oui avec un "s", moi aussi ça m'a étonnée. Ce mot ne vous rappelle-t-il rien ? Par exemple turnip, en anglais ? Exactement, turnep ou turneps est un nom tombé en désuétude pour le navet.
Et ça me donne un mot à ajouter à ma fameuse liste des mots en -eps !

epine.jpgMais pour certains mots, les indices sont minces : l'épine-vinette, par exemple. Avec un nom pareil, on s'attend à un arbuste, ou une plante grimpante avec des épines, mais qu'en dire de plus ?
Dans les vieux textes, elle est omniprésente, mais malgré mes nombreuses sorties de terrains botanisantes, je n'en ai jamais entendu parler... Where is the catch?
C'est un site horticole qui nous donne la réponse : entre 1894 et 1897 les moissions subirent dans une bonne partie de l'Europe des pertes terribles dues à la rouille noire du blé (champignon parasite Puccina graminis), qui se trouve avoir l'épine-vinette comme hôte intermédiaire. En France, en juillet 1912 , un arrêté ordonne son arrachage systématique...

Elle était surtout utilisée pour faire des haie et des clôtures, et à l'occasion de façon médicinale, mais même aujourd'hui sa population est contrôlée par les agriculteurs.

Bon bah, en voici quatre de résolus ! Il n'en reste plus que quelques dizaines...



1 : Réponse : le sénévé est un type de moutarde, la valériane une plante médicinale, et accessoirement, l'herbe à chat...)
2 :
Réponse : les trois sont vrais, selon l'espèce.
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Edito

Soyez les bienvenus sur ce petit blog sans ligne éditoriale fixe, qui échoue à mourir depuis 2005.
La fréquence de mise à jour se veut quotidienne au mieux (par ce que je suis de nature optimiste), trimestrielle au pire (parce que je suis velléitaire bien plus encore).

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Ordo Ab Chao