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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 18:58
En ce moment je suis malade et je n'arrive pas à bosser, alors je rumine. Au propre comme au figuré, puisqu'une bonne bronchite, croyez-moi, ça nourrit. J'ai même réussi à me traîner jusqu'à mon ordi pour mettre quelques-unes de ces idées  en ordre : vous en avez, de la chance !

Attention :
Tout lecteur espérant lire un article intéressant, divertissant, voire drôle,
 est autorisé à cliquer dès maintenant sur un des liens proposés sur la gauche,
comme par exemple celui du blog de Boulet.
Pour les autres, vous l'aurez voulu.

Je rends compte que j'ai un problème avec la conversation informelle. Ou plutôt avec la tendance de toute conversation à partir des nouvelles, des plaisanteries, et des anecdotes personnelles de chaque participant pour glisser insensiblement vers les vastes généralités.
Lorsque cela arrive, je deviens la femme la moins marrante de la planète : je pinaille, je me lance dans des définitions extrêmement fastidieuse des termes considérés, et je reprends les gens pour l'utilisation de termes imprécis, j'exige des sources circonstanciées, en un mot je me rend insupportable alors que trois minutes auparavant je ne voyais pas de problème à déclarer qu'il fait moins mille degrés dehors et qu'il va falloir m'amputer des orteils.

Je deviens au mieux sentencieuse et professorale (pour peu que je connaisse un peu le sujet) et au pire péremptoire, véhémente, et irritable. Si par malheur la personne en face n'en a pas l'habitude, il y a fort à parier qu'elle réagisse à ce changement en me considérant comme une pédante abominablement ennuyeuse, ou, pire, comme quelqu'un d'agressif qui lui en veut personnellement.
En général, je me retrouve donc à hausser la voix et à tempêter tout en m'interrompant toutes les cinq minutes pour ajouter  «mais je n'ai rien contre ton hypothèse, elle me paraît simplement peu étayée, désolée de t'engueuler, il faudrait juste qu'on vérifie». D'où ma tendance à l'hyperventilation prononcée lorsque je n'ai pas un connection internet ou un ouvrage de référence immédiatement accessible...

Des amis qui m'ont exprimé leur incompréhension sur ma capacité à développer des réactions émotionnelles fortes (engueulade de l'adversaire, ou au contraire émerveillement) sur des sujets aussi éloignés de moi que le nombre de cas dans les déclinaisons estoniennes* ou l'appartenance de la «majorité sexuelle» au code civil ou pénal**. Je suis d'accord avec eux que c'est sans doute excessif, et sans doute mauvais pour mon coeur, mais que voulez-vous...

Un exemple parmi mille autres : les termes beaucoup et un peu. Je vais prendre un cas didactique pour que vous voyiez de quoi je parle :

Si je dis «En France, les gens habitent dans des habitations»***, j'énonce une généralité qui est juste, mais qui, comme toutes les généralités, admet une exception : les sans-domicile-fixe.
Que puis-je répondre à quelqu'un qui me contredirait en disant que «Ah non, c'est pas vrai, y'a plein de SDF» ?
Oui, sans aucun doute, il y a des SDF, environ 100 000 sur le territoire, et certes, c'est un chiffre regrettablement élevé, et suffisemment supérieur à «deux ou plusieurs» pour justifier l'emploi de plein ou beaucoup.
Et pourtant, ma première affirmation reste globalement correcte, parce que cette population dépourvue de domicile constitue moins de 0,2% de la population totale, et qu'on ne peut considérer que c'est beaucoup.
Ma proposition est fausse au sens mathématique, parce qu'on peut exhiber un contre-exemple (cent mille, même), mais elle est juste en français parce que je n'ai pas dit « tous les gens », et qu'elle est vraie à plus de 99,8%.

Je crois que j'ai réussi à m'expliquer correctement, mais encore une fois que j'ai fait au prix d'une lourdeur terrible de l'expression, que je m'autorise dans ce blog, parce que rien ne vous force à lire, mais que j'ai de gros scrupules à infliger lors d'une discussion...

Comme vous le voyez, avec un seuil de pinaillage qui peut être dépassé par le mot beaucoup, les discussions sérieuses avec d'autres pinailleurs se passent bien, mais avec une personne normalement constituée, ou simplement n'étant par encore sortie de la logique approximative de la discussion normale, ça vire à l'exercice d'équilibriste : je force une partie de moi-même à surveiller mon expression (et mon niveau sonore) pour éviter de réagir trop fort à ce qui n'est pas (nécessairement) une débauche de mauvaise foi, de bêtise et d'obstination de la part de mon interlocuteur. J'essaye au maximum de ne pas suivre la pente glissante du «c'est pourtant évident !», et je tente de me mettre à la place de mon contradicteur pour voir ce qui bloque la discussion. Il me semble que j'y arrive pas trop mal, puisque j'ai encore quelques amis, et je présente mes excuses à tous ceux qui ont eu à subir cette facette de mon tempérament.
Mais nom de Zeus, c'est parfois fatiguant d'être moi...

Allez, salut,je retourne cracher mes poumons et m'apitoyer encore un peu sur ma petite personne...

Notes de bas de page
, parce qu'on n'est pas un vrai control freak sans notes de bas de page :
* 14 ! N'est-ce pas fabuleux ? Mon choucou, c'est le cas essif.
** La majorité sexuelle n'apparaît en fait nulle part en tant que telle. Simplement, alors que le code péal établit que les relations sexuelles avec mineur de moins de quinze ans sont punissables, celles avec mineur de plus de quinze ne le sont que dans certaines circonstances (adulte ayant autorité...), et ce qui n'est pas interdit est autorisé...
Le code civil, lui, nous donnera par exemple l'âge minimum pour se marier (18 ans pour les 2 sexes depuis 2006).
*** Remarquez que j'ai précisé «En France» pour pouvoir utiliser facilement des statistiques, mais que ça a une conséquence sur le sens implicite : avec la précision la phrase peut être interprétée de façon à sous entendre qu'à l'étranger, les gens ne vivent pas dans des habitations.

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commentaires

B
-"control freak"-"Quoi ?"-"CONTROL FREAK"-"Hein ? Je..."-"Bah oui, un control-freak, quoi"-"Haaaaaa Contwool frweeek"-"Voilà"
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A
<br /> Un sérial-quilleur, quoi :-)<br /> <br /> <br />
M
Je crois que tu te précoccupes beaucoup trop de savoir ce que les gens vont penser de toi. Continue comme tu es, c'est ça qui te rend si attachiante.
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A
<br /> Attachiante ? Mogore, je ne sais pas si c'est un lapsus digitorum (comme il y a le lapsus linguae et lapsus calame), ou ton fabuleux sens de la synthèse, mais je crois bien que c'est la meilleure<br /> description qu'on ait jamais faite de mon caractère ! Merci beaucoup...<br /> <br /> <br />
S
J'ai le même problème. Du coup, j'ai adopté la solution proposée par Axelle. C'est pour ça que je te parle ;-)
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A
Solution : ne parle qu'avec des gens pire que toi ? Comment ça c'est déjà le cas à 99,8% :P
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Edito

Soyez les bienvenus sur ce petit blog sans ligne éditoriale fixe, qui échoue à mourir depuis 2005.
La fréquence de mise à jour se veut quotidienne au mieux (par ce que je suis de nature optimiste), trimestrielle au pire (parce que je suis velléitaire bien plus encore).

Alea jacta est :


Aussi :



Ordo Ab Chao